Le 27 juillet 2003 au soir, le Néron s’enflammait, touché par un impact de foudre, en plein épisode de canicule. Plusieurs foyers sont découverts sur l’éperon rocheux au Sud du Néron, qui surplombe Saint-Martin-le-Vinoux. Un autre foyer se développera plus tardivement sur la façade ouest. Une équipe du Groupe d’intervention en milieux périlleux, le GRIMP, (appelé aujourd’hui Secours en milieux périlleux et montagne SMPM) est acheminée dès le lendemain matin, par l’hélicoptère de la sécurité civile (Dragon 38). Ils emporteront avec eux des bâches à eau, des motos-pompes portatives, des lances et divers outils pour travailler en toute autonomie.
A la fin de la journée, un seul foyer subsiste mais, sous l’effet du vent et des températures caniculaires, l’éperon rocheux s’embrase. L’équipe du GRIMP est alors extraite en urgence par Dragon 38.
L’incendie s’installe dans la durée et s’annonce difficile à traiter car les racines sont ancrées dans la roche friable et elles ne peuvent pas être atteintes alors qu’elles se consument. Les roches sont également peu stables. Un risque d’éboulement menace certaines habitations de Saint-Martin-le-Vinoux, qui seront évacuées.
Désormais, seul l’engagement de moyens aériens pourrait contenir le sinistre car les troupes à pied ne peuvent pas intervenir en toute sécurité sur le site qui impose une évolution sur corde trop risquée, compte-tenu des conditions de terrain.
Il a été décidé de louer des Hélicoptères bombardiers d’eau (HBE) privés pour commencer l’extinction en zone inaccessible. Les canadairs et Avions bombardiers d’eau (ABE) de la flotte nationale sont déjà déployés sur d’autres incendies très préoccupants dans le Var et en Corse.
Entre les largages et quand les conditions le permettent, le GRIMP est réengagé pour vérifier la situation au sol.
En parallèle, l’organisation terrestre s’organise avec le déploiement des personnels formés en Feux de forêts et d’espaces naturels (FDFEN). Mais, bien que les formations de cette spécialité aient débuté en 2000, il manque de spécialistes.
Les Camions citernes feux de forêts (CCF) sont engagés sur le sinistre. Le manque d’uniformité de matériel va fortement complexifier la mission.
L’extinction est freinée par le type de végétation (buis dont les racines serpentent sous terre et embrasent la végétation environnante un peu plus loin), le relief et la variation de sens du vent entre le jour et la nuit.
La situation aura été stabilisée grâce aux canadairs qui auront permis de préserver la frange de forêt inférieure qui ceinture le Néron, mais aussi les hélicoptères bombardiers d’eau allemands ou de location, les colonnes de renforts en provenance des autres départements et, surtout, la sueur et la mobilisation des sapeurs-pompiers au sol. L’incendie sera éteint après plus de 30 jours d’intervention.
Cet incendie aura mobilisé plus de 200 sapeurs-pompiers et 30 véhicules 24 heures sur 24 pendant une dizaine de jours, avec plus de 300 tonnes d’eau larguées sur le front de flammes par les canadairs ou les hélicoptères bombardiers d’eau. Le feu aura parcouru 380 hectares.
Incendie à Pont-en-Royans.Cette intervention remarquable, tout comme celle de Pont-en-Royans le 20 juillet 2003 (115 hectares touchés) et les nombreux feux de la saison estivale, a permis d’amplifier le redémarrage de la spécialité FDFEN amorcé en 2000.
Le retour d’expérience de la saison estivale a permis des évolutions notables :
La saison estivale 2003 a également été particulièrement dense avec 1 355 interventions pour des feux de végétaux entre le 1er juin et le 17 août, soit une moyenne de 17 feux par jour avec, au plus fort de la canicule, jusqu’à 40 départs quotidiens.
Le Sdis de l’Isère s’est adapté et a renforcé la prise en compte du risque feux de forêts et d’espaces naturels dans le département. Les partenariats avec l’Office national des forêts (ONF) et la Direction départementale des territoires (DDT) ont permis de développer un réseau de pistes de défense de forêt contre l’incendie (pistes DFCI) dans les massifs dont la plupart n’en disposait pas ou assez larges pour accueillir les engins de lutte. Des réserves d’eau ont été implantées le long de ces dernières.
Aujourd’hui, le corps départemental comprend :
L’équipe opérationnelle du Détachement d’intervention héliportée (DIH) comprend 97 agents dont 14 chefs d’unité DIH. La caserne support du DIH est Echirolles.
Si plus de 60 casernes sont dotées d’au moins un CCF/CCR/CCGC, quasiment toutes disposent de personnels formés.
Près de 25 stages sont organisés chaque année, à destination des équipiers jusqu’aux chefs de colonne FdF. Certains stagiaires FdF2 et tous les FdF3 s’entraînent également sur le simulateur dédié implanté au centre de formation départemental (réplique du simulateur de l’Ecole d'application de sécurité civile de Valabre).
Outre l’activité quotidienne, le Sdis de l’Isère participe également à la colonne de renfort extra-départementale Sud-Est 2 (avec la Loire et la Haute-Savoie) de la mi-juin à fin septembre (15 semaines), et fournit le groupe de commandement (12 sapeurs-pompiers) une semaine sur trois en alternance avec les deux autres Sdis.
L'organisation mise en place depuis 2004 et le cumul d’expériences grâce à des années de participations aux colonnes de renfort permettent de fournir une réponse opérationnelle efficace et d'être reconnu par les autorités et les autres Sdis (notamment pour le seul DIH officiel de la zone Sud-Est).
Des CCF lors de la formation SERA pour les renforts extra-départementaux.
Néanmoins, le travail continue et implique désormais de nombreux services :
L’activité FDFEN est très dépendante de la météo. Celle que nous connaissons sur ce début d’été est relativement peu propice au risque FdF, sur notre région. Il n’en reste pas moins que les causes de départs d’incendies sont très largement liées à l’activité humaine. Aussi, la vigilance de tous est de mise, durant toute la période estivale.